Sophrologie : comment elle s’impose dans le monde du travail

S’inspirant du yoga, de l’hypnose et du zen, la sophrologie investit peu à peu les entreprises. Lutte contre le stress, performance au travail, cohésion d’équipe… Qu’apporte-t-elle aux salariés ? Est-elle suffisamment contrôlée ? Catherine Aliotta, présidente de la Chambre syndicale de la sophrologie et directrice de l’Institut de formation à la sophrologie, répond à nos questions.

Comment la sophrologie a-t-elle fait son entrée dans les entreprises ?

Ses effets positifs dans la vie de tous les jours sont désormais reconnus par le corps médical et en dehors : pour diminuer l’anxiété et le stress, combattre l’insomnie et certaines addictions, améliorer sa concentration et ses résultats sportifs, etc. Assez logiquement, les personnes ayant bénéficié de cette méthode ou l’ayant pratiqué (dirigeants, salariés, représentants du personnel, médecine du travail…) ont pensé à l’introduire dans le milieu du travail pour accompagner les situations de stress (changement d’organisation, réduction de personnel, accroissement d’activité…), ou aider les salariés à mieux gérer leurs émotions et accroître leur efficacité professionnelle.

Dans quels cas précis fait-on appel à un sophrologue sur le lieu de travail ?

La DRH peut décider de recourir à un sophrologue quand la médecine du travail constate par exemple une hausse des taux d’absentéisme, d’accidents du travail, de troubles anxio-dépressifs annonciateurs parfois de « burn-out ». Dans des cas similaires, d’autres DRH préfèrent se tourner vers des psychologues du travail ou mettre en place d’emblée des plates-formes d’écoute pour les salariés. La sophrologie est une technique alternative. Mais il ne s’agit pas d’offrir seulement un moment de « bien-être » aux salariés.

C’est-à-dire ?

Le sophrologue prend en charge, sur site, un groupe d’une quinzaine de salariés après évaluation des besoins et des objectifs visés. Dans une maternité de la région parisienne par exemple, il s’agissait d’aider le personnel infirmier à gérer un stress lié à l’augmentation de l’activité et à une baisse simultanée des effectifs. Les comités d’entreprise sont aussi très demandeurs de séances de sophrologie, d’une heure pendant la pause déjeuner des salariés par exemple. Mais là, il s’agit davantage de relaxation et de bien-être que d’apprentissage de la prévention et gestion du stress.

En quoi consiste l’intervention du sophrologue ?

Lorsque la demande provient de la DRH, un plan d’action est mis en place sur la base d’un diagnostic. Ce plan comprend généralement trois jours de formation, puis l’animation d’une dizaine de séances réparties toutes les semaines ou tous les quinze jours. Au cours d’une séance de 45 minutes tous les quinze jours, des exercices sont effectués debout et assis, alliant la respiration, la décontraction musculaire et la visualisation d’images positives. Un mois après, une évaluation de ce plan d’action est réalisée par le sophrologue avec la DRH, et réajusté le cas échéant. L’objectif est de permettre aux stagiaires de mieux se connaître et d’assimiler les connaissances transmises par le sophrologue pour qu’ils puissent refaire les exercices seuls.

Pour quels coûts ?

Une séance de sophrologie collective de 45 minutes coûte en moyenne entre 120 et 150 € (diagnostic, séances, plan d’action inclus). Pour un programme d’une journée, le tarif varie de 1.000 à 2.000 € selon le programme et les effectifs.

Que ressent-on pendant et après une séance ?

Les exercices permettent de se détendre physiquement (ralentissement du rythme cardiaque) et mentalement, et de mieux s’oxygéner ce qui facilite la récupération.

La sophrologie est une thérapie. À ce titre, elle est dans le viseur des contrôleurs de la formation. Comment votre Institut, par exemple, reste-t-il « dans les clous » ?

Nous ne faisons pas de développement personnel pendant nos formations. Nous n’utilisons jamais les ressentis, les souvenirs ou les expériences personnelles de nos stagiaires comme support pédagogique. La sphère intime est ainsi protégée et les dérives sont écartées. Cette ligne de conduite nous a permis de vivre « sereinement » des contrôles de la Direccte et d’obtenir l’inscription de notre Certificat professionnel de sophrologue au RNCP [Répertoire national des certifications professionnelles].

Comment vous protégez-vous du risque sectaire ?

La profession est consciente de ce risque et la Chambre syndicale de la Sophrologie a mis en place des dispositifs de veille, notamment un code de déontologie. Mais attention, en stigmatisant les sophrologues, on risque de passer à côté d’une infiltration sectaire bien réelle du milieu de la formation dans des domaines moins visibles, comme la bureautique ou les langues. Les sectes préfèrent en effet opérer dans des secteurs moins surveillés.

Source :l’express emploi

La sophrologie s’invite dans les grandes entreprises

Montée du stress, pression des « open-spaces », difficulté de concentration, risque de burn out… Dans l’entreprise, les raisons de recourir à la sophrologie sont nombreuses, tant pour booster l’efficacité des salariés que pour assainir des situations parfois tendues, ou tout simplement apporter un peu de bien-être.

La tendance est à la hausse, largement favorisée par la prévention des risques psycho sociaux, qui impose aux employeurs de prendre les mesures nécessaires pour favoriser le travail dans de bonnes conditions. Analyse d’une tendance avec Catherine de Guglielmi, formatrice et sophrologue.

Comment définir la sophrologie et pourquoi l’introduire dans l’entreprise ?

Il s’agit d’une méthode psycho-corporelle basée sur des techniques de respiration combinées à des exercices de contraction et de décontraction musculaire qui aident l’individu à retrouver son équilibre. Elle offre d’excellents résultats et est accompagnée de visualisation d’images positives. Accessible à tous, la sophrologie permet aux salariés de regagner en confiance et en efficacité, de prendre du recul et de mieux résister au stress.

Comment la sophrologie est-elle perçue dans l’entreprise ?

Les DRH ne perçoivent pas toujours l’intérêt de la sophrologie dans l’entreprise, même s’ils sont conscients des bienfaits de la pratique sur l’individu. Les salariés sont quant à eux ouverts à cette pratique, sous condition toutefois que la politique de communication à leur intention, organisée avec la DRH ou le service communication, leur permette de comprendre comment elle se pratique et quels en sont les bienfaits. A noter que ce sont essentiellement les grands groupes qui proposent des séances de sophrologie, pour des raisons de coûts mais aussi de place, la pratique nécessitant une salle disponible pour réaliser ces exercices.

Comment les séances se déroulent-elles ?

Les séances se tiennent sous forme « d’ateliers de groupe » comptant au maximum une dizaine de personnes. Ces groupes peuvent être fermés -comptant toujours les mêmes participants – ou ouverts à tous. Chaque séance démarre par un temps d’échange et se poursuit par des exercices de relaxation dynamique suivis d’une visualisation d’images positives.

Quel est le rôle des RH ?

Il s’agit de définir avec les RH l’objectif visé afin d’établir un protocole adapté à la problématique, et qui rendra les participants autonomes dans leur pratique. Tout cela se fait avec l’accord et sous l’aval de la DRH ou via les comités d’entreprise. Un nombre de séances sera contractualisé, ainsi que leur fréquence. le rythme idéal étant une fois par semaine.

Quels sont les résultats?

Au final, on perçoit une meilleure efficacité, une moindre fatigabilité, une baisse du stress, une meilleure gestion de ses émotions… Si les bénéfices de la sophrologie sont nombreux, les protocoles prévoient en général un minimum de 8 séances d’une heure pour atteindre l’objectif de façon optimale. A ce jour, les retours sont positifs, le taux de fréquentation est en hausse. Nos meilleurs ambassadeurs au sein de l’entreprise sont les salariés eux-mêmes.

Frédérique Guénot

Source: Focus RH